La prochaine séance de l’Atelier ESO Caen aura lieu le jeudi 23 novembre, de 9h00 à 12h00, dans la salle SH126 de la MRSH.

Deux interventions sont programmées dans un format “pré-soutenance de thèse” :

Morgane Esnault. Approvisionner la restauration scolaire dans les espaces non-centraux : l’exemple de la Normandie. Contribution à une géographie sociale de l’alimentation.

Cette thèse s’intéresse aux évolutions des pratiques d’approvisionnement de la restauration scolaire (1 milliard de repas par an pour 12 millions d’élèves). La restauration scolaire présente de forts enjeux (santé publique, développement durable, éducation alimentaire etc.), renforcés par la loi EGalim, encourageant les collectivités à s’approvisionner à 50 % en produits de qualité depuis le 1^er janvier 2022. Nous identifions trois axes de recherche – une dimension sociale, le lien à l’offre locale, et le rôle des politiques publiques – pour répondre aux questionnements engendrés par les évolutions de la demande de la restauration scolaire face aux mutations du système alimentaire. Cette recherche s’inscrit dans le cadre théorique de la géographie sociale et de la justice alimentaire. Alors que les différentes études sur l’alimentation privilégient les pôles urbains, cette thèse sur la restauration scolaire en Normandie place les espaces non centraux au cœur de la réflexion. Trois terrains d’études en Normandie occidentale (Cotentin, Bocage virois, Perche) aux caractéristiques différentes permettent de tester les hypothèses sur la recherche de qualité pour les repas de la restauration scolaire et sur le fonctionnement de systèmes alimentaires locaux. La comparaison des espaces d’études s’appuie sur une méthodologie mixte : des entretiens auprès des chef·fes de cuisine sont confrontés à un travail d’analyse et de cartographie de plusieurs bases de données (CNESCO, INSEE, INCA, ministère de l’Éducation Nationale).

Anne Siccard. L’orientation scolaire des jeunes ruraux. Une construction conjointe entre élèves, familles et personnels. Le cas de quatre collèges du département de la Manche.

L’orientation des collégiens en milieu rural est généralement perçue sous le régime de la contrainte. Il est vrai que ces adolescents choisissent, davantage que les jeunes urbains, des formations courtes via les voies professionnelles, ce que la littérature attribue à un ensemble de causes : un modèle d’orientation prévalent dans les familles populaires, des exemples de possibles moins diversifiés, des possibilités de formation plus rares et plus éloignées, nécessitant une mobilité à laquelle toutes les familles ne peuvent consentir.

Considérant d’emblée une pluralité d’espaces ruraux plus qu’un milieu homogène ou résiduel, ce travail tente de mesurer, outre ces différents facteurs, le pas à pas de la construction des choix opérés sans perdre de vue le poids des collèges eux-mêmes, par une approche essentiellement qualitative associée à des données statistiques. Si le milieu social des jeunes, surtout le diplôme de la mère, induit les demandes d’orientation des adolescents, le caractère socialement situé de ces demandes peut être accentué par les pratiques en cours dans les établissements en matière d’éducation à l’orientation et d’orientation proprement dite, différentes d’un collège à l’autre. Mais il peut également être modulé par les loisirs et les sociabilités amicales et familiales des adolescents, qui y découvrent des pratiques ainsi que des exemples de possibles de formations et de professions.