Comment gérer son temps, organiser son emploi du temps et surmonter les obstacles pour poursuivre sa passion sportive tout en réussissant ses études ? Pour de nombreux étudiants, cela relève d’un véritable challenge. Et pourtant, il est possible de trouver le juste équilibre entre les deux, comme nous le prouve Raphaël, étudiant en L3 Géographie et Aménagement à l’UFR SEGGAT et cycliste de haut niveau. Grâce au statut SHBN, il bénéficie d’aménagements spécifiques pour réussir dans les deux domaines.
Quels sont les objectifs de ta formation ?
Après l’obtention de mon bac ES, j’ai décidé de suivre la licence de géographie et aménagement du territoire. Les différents cours me permettent d’appréhender le monde qui nous entoure avec une vision différente, celle du géographe. J’apprends beaucoup sur des sujets importants et d’actualité et je développe une approche critique qui me permet de mieux comprendre les enjeux géographiques et environnementaux de notre époque. Cette formation me permet d’acquérir des compétences variées : j’apprends à cartographier, à traiter et analyser des données géographiques, à mener des enquêtes et des relevés de terrain. On étudie également les inégalités sociales et les disparités territoriales, ainsi que les politiques publiques d’aménagement et d’environnement à toutes les échelles. Nous avons eu l’opportunité de réaliser une sortie de terrain sur la Presqu’île de Caen, qui constitue un exemple concret pour analyser les politiques d’aménagement du territoire. En géographie physique, nous étudions la diversité des littoraux, leurs dynamiques, les particularités des côtes rocheuses, les processus de construction et de déconstruction des plages etc. Nous étudions aussi les risques naturels, industriels et technologiques auxquels les populations sont exposées, ainsi que les différentes méthodes de gestion de ces risques. En géographie sociale, on a aussi étudié l’invisibilisation des populations LGBT+ dans l’espace urbain.
Les cours se déroulent en amphithéâtre et en TD. J’essaie d’y assister autant que possible, mais en tant que sportif, certaines périodes sont plus intenses, avec les entraînements et les compétitions. Dans ces moments-là, j’ai des difficultés à être présent à tous les cours.
Comment mets-tu en pratique tes cours ?
Nous avons des dossiers à préparer, qui nécessitent la plupart du temps de faire une recherche et une synthèse sur la thématique du cours, avec un exemple de notre choix. Dernièrement, en cours de risques environnementaux, nous avons, en binômes, fait des recherches sur les risques naturels de la ville de Perpignan, avec les enjeux et les aménagements mis en place pour y répondre.
Nous avons également un stage de terrain en fin de troisième année de licence. Nous partons une semaine en montagne, début mai. Nous serons en situation réelle pour aborder des thématiques en lien avec nos cours. Nous pourrons rencontrer les acteurs du territoire et mener des études comme des professionnels. J’ai réussi à me libérer du temps pour pouvoir participer à ce stage mais certains dossiers de groupe nécessitent des rendez-vous avec des professionnels et sont plus difficiles à réaliser pour moi en raison de mon emploi du temps.
Quel est ton parcours sportif ?
Je pratique le cyclisme sur route depuis l’âge de 4 ans. C’est un sport individuel mais qui se court en équipe. Les courses sont variées, elles peuvent être en ligne ou en circuit, sur un jour ou sur plusieurs étapes. C’est un sport qui demande beaucoup de sacrifices, une hygiène de vie irréprochable et des entraînements intenses et contraignants, avec parfois des sorties de plus de 6 heures. En compétition, on ne gagne pas souvent car il y a de nombreux coureurs au départ, mais il faut garder la motivation et se donner à fond à chaque course.
Après 11 ans de licence au Vélo Club de Lisieux, je suis parti à l’ES Caen puis j’ai intégré la Team Bricquebec Cotentin en National 2. Actuellement, je suis au CESU cyclisme, l’équivalent du pôle espoir mais à l’université. Et depuis janvier, j’ai intégré le Vélo Club de Rouen en National 1, ce qui me permet de participer à des événements de plus grande envergure, tels que des courses professionnelles comme Liège-Bastogne-Liège espoir, où je suis arrivé 38e lors de la dernière édition 2023. Cela me permet de gagner en expérience et de progresser physiquement pour les courses à venir.
Comment concilier sport et études ? C’est quoi le statut SHBN ?
Je m’entraîne entre 15 et 20 heures par semaine, sans compter les temps de déplacement pour aller aux compétitions. Il m’est déjà arrivé cette année de faire 27 heures d’entrainements sur une semaine de vélo… Mon sport prend du temps et le statut SHBN me permet de concilier plus facilement mes études et ma pratique sportive. Cela implique parfois de manquer des cours en raison de mes compétitions, mais le statut SHBN m’offre la possibilité d’être évalué uniquement sur les partiels. Les TD sont également dispensés d’assiduité. Cela m’aide beaucoup, surtout lorsque j’ai des stages ou des compétitions loin d’ici, comme en janvier et février, lorsque j’ai effectué des stages en Espagne et dans le Var. J’essaie de rester organisé pour ne pas prendre trop de retard sur mes cours mais parfois la situation devient difficile. En ce moment, le deuxième semestre est une période très intense, je suis alors dispensé de rendre certains dossiers.
Avec ce rythme toute l’année, ma vie sociale en dehors du monde du cyclisme est quelque peu réduite ! Je n’ai pas beaucoup de temps pour aller à la BU, je ne sors pas les jeudis soir, mais cela fait partie des sacrifices que je fais pour pouvoir pratiquer mon sport à haut niveau tout en poursuivant mes études.
C’est quoi la suite ?
Pour moi, la suite est de donner la priorité au vélo jusqu’à la fin de mes années espoir. L’objectif est de mettre toutes les chances de mon côté et m’impliquer à 100% dans le vélo pour ne pas avoir de regrets. Mais si aucun débouché ne se présente, je vais envisager de réintégrer un master dans mon domaine d’études. Cela pourrait me permettre de travailler dans l’aménagement du territoire, la cartographie, la gestion de l’environnement ou dans l’enseignement ou la recherche.
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