Et si on posait un nouveau regard sur notre ville ? C’est tout l’objectif de l’Atlas social de Caen : expliquer et illustrer, au moyen de cartes, les réalités sociales d’hier et d’aujourd’hui. Accès aux services de santé, vieillissement, pauvreté, religion, sport, emploi, logement, tourisme… Cet atlas, distingué du cristal collectif 2023 du CNRS, dépeint les rapports des populations à leur espace de vie. Rencontre avec Jean-Marc Fournier, professeur de géographie (ESO-Caen UMR 6590) et responsable scientifique de l’Atlas social de Caen.

L’Atlas social de Caen, c’est quoi ?

Un atlas, c’est traditionnellement une compilation de cartes présentant le fonctionnement d’un monde, d’un pays, d’une région ou encore d’une ville. L’Atlas social de Caen répond précisément à cet objectif : il présente, sous forme d’illustrations, l’organisation de la société caennaise et de ses espaces de vie pour mieux saisir les changements et les mutations de notre territoire. Les cartes permettent de voir le quotidien sous un œil différent. L’idée même de cet atlas, qui a émergé en 2019, est de partager à toutes et tous le fruit de nos travaux de recherche en géographie sociale. Les résultats de nos travaux sont en effet susceptibles d’intéresser un public très large – la communauté scientifique, les élus, les professionnels de l’aménagement du territoire, les populations qui fréquentent quotidiennement ce territoire… et plus généralement toutes celles et ceux qui aiment notre ville de Caen ! C’est l’essence même de notre travail de chercheur et de chercheuse : partager les savoirs pour aider les gens à penser l’avenir et pour être utile à la société et au territoire.

L’Atlas social de Caen se décline en version numérique, en livre, et maintenant en exposition itinérante !

Oui, nous multiplions en effet les supports et les formats pour toucher un maximum de publics. L’Atlas social de Caen, c’est en premier lieu un site internet, mis à jour régulièrement avec de nouvelles planches thématiques – “Caen vu par les médias”, “Les lieux de cultes”, “Les beaux quartiers de Caen”, “Le vélo à Caen”, “Les enjeux urbains et sociaux du tramway”… pour ne citer que les plus récentes. Toutes les cartes sont accompagnées de textes courts et de visuels. Cet atlas numérique rentre dans une logique d’open access, avec une mise à disposition des données de la recherche publique et une volonté de transmettre aux générations futures les méthodes de la recherche scientifique. Nous avons également publié, en octobre 2022, une version papier de l’Atlas social de Caen, avec les contributions de 71 géographes, sociologues et économistes. Nous sommes allés à la rencontre des publics au Musée de Normandie, TURFU Festival, au FÊNO et au Salon du livre de Caen. La dernière opportunité que nous avons saisie est l’exposition itinérante “Jouons cartes sur table“, qui s’installera dans 12 quartiers de la ville de Caen de septembre 2023 à avril 2024. Cinq conférences seront également organisées dans des maisons de quartiers, pôles de vie et bibliothèques pour répondre directement aux questionnements des habitants et habitantes. Nous exploitons différents modes de diffusion de nos travaux, c’est vraiment passionnant.

L’Atlas social de Caen est, en 2023, mis à l’honneur par le CNRS. Que signifie ce cristal collectif, pour vous et pour le laboratoire ESO auquel vous êtes rattaché ?

L’Atlas social de Caen s’inscrit, en réalité, dans un projet plus large porté par Espaces et Sociétés (ESO), un laboratoire installé sur les sites de Angers, Caen, Le Mans, Nantes et Rennes. Ce n’est donc pas seulement l’Atlas social de Caen qui est distingué par le CNRS mais bien le projet d’atlas sociaux déclinés sur chacun des cinq sites. Le cristal collectif récompense un travail d’équipe : ces atlas n’auraient en effet jamais pu voir le jour sans les personnels d’appui à la recherche qui, par leur investissement, contribuent au succès et au retentissement de nos travaux. Laura Pauchard (Ingénieure d’études), qui nous a quittés en 2022, reçoit aujourd’hui cette distinction à titre posthume : son dynamisme et sa rigueur ont été déterminants pour la bonne réussite de ce projet. C’est aussi la complémentarité des profils et des missions qui est ici mise à l’honneur –géomatique, cartographie, humanités numériques, communication… C’est un projet fédérateur à l’échelle de notre laboratoire, chacune et chacun pouvant apporter sa pierre à l’édifice. Ce cristal est, pour nous toutes et tous, un honneur, qui nous encourage à poursuivre cette dynamique en faveur du partage des connaissances.